Le Prosper Schiaffino (Donator)
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Historique de l'épave :
Le Donator a été construit en 1931 par les chantiers Holz Worksted A-S à Bergen (Norvège). Il mesurait 78 m de long pour 12 m de large, et pouvait filer 14 à 15 nœuds propulsé par son moteur de 1800 cv. Il est revendu en 1933 à la Compagnie Générale d’Armements Maritime qui le rebaptise Petite Terre et l’affecte au transport de bananes entre la Métropole et les Antilles. En 1939 il devient la propriété de la Compagnie Algérienne de Navigation pour l’Afrique du Nord ou Compagnie Schiaffino. Celle-ci avait coutume de baptiser ses navires avec les prénoms des membres de la famille, et le Donator devient alors le Prosper Schiaffino. Cette compagnie qui possédait vingt bâtiments en 1939 en perdit 19 pendant la seconde guerre mondiale : 13 par torpillages, mines etc…, et 6 par bombardements alors qu’ils étaient au mouillage. A la fin de la guerre le Donator était le seul rescapé. Mais le 10 novembre 1945 le cargo file vers son destin. Il revient de l’Algérie avec à son bord une cargaison de vin. Le dragage des mines n’est pas terminée en Méditerranée, et le Capitaine Baillet ordonne à ses hommes la plus grande attention. Le mistral souffle fort. Le bateau fait le tour de l'île de Porquerolles par le Sud quand à 13h10 par une mer démontée une formidable explosion retentie. Le cargo a heurté une mine, la proue est détruite, l’eau envahie le navire, et la poupe se soulève rapidement. Les 29 marins ne peuvent larguer les chaloupes et se jettent à l’eau. Heureusement un avion de la R.A.F est témoin du drame. Il prévient les secours qui arriveront sur le site 4 heures plus tard sauvant 27 hommes, 2 étant portés disparus. Cet ultime naufrage scellait le destin de la Compagnie Schiaffino.
Schéma : Cristina Franco
Description :
Le Donator est une référence en matière d’épave
en Méditerranée. La plongée doit être bien préparée
car le courant peut être extrêmement violent sur le site. De nombreux
plongeurs faisant fi de cet aspect, on fait soit une plongée de surface,
soit au fond n’ont pu contempler le Donator que de loin sans jamais l’atteindre.
L’épave est vaste et bien conservée après 55 ans passés
sous l’eau. Elle repose bien droite sur un fond de sable. La
poupe se situe à 51 m tandis que la proue se trouve à 48 m.
Lors de la descente il est intéressant de faire une petite halte vers
20-25 mètres afin d’admirer le bateau
dans son ensemble. Celle-ci pouvait auparavant être effectuée
auprès du mât remontant à
25 m de la surface, au sommet duquel des nuées de poissons se trouvaient.
Malheureusement depuis janvier 2000, cet emblème du Donator est tombé
sur bâbord, laissant juste un bout de quelques mètres.
Faire le tour entier du cargo en une seule fois est possible en l'absence de
courant, mais peu conseillé si l’on veut admirer un tant soit peu les
détails du navire. En fait 2 ou 3 plongées permettent de vraiment
connaître l’épave. On peut commencer la plongée par l’hélice
et le safran qui sont les parties les plus profonde du cargo à 51m. L’hélice
est énorme et donne une idée de la puissance qu’il fallait pour
déplacer le navire et ses 1698 tonneaux. En remontant sur la proue on
peut admirer la grande barre à roue.
Juste derrière le château arrière se trouve une hélice
de rechange. En direction de l’avant, on survole le pont qui est à
40 m. Celui-ci n’existe plus. Il n’en reste que les traverses, et on peut pénétrer
avec prudence dans la cale arrière pour admirer la
partie moteur à 44 mètres et les cuves qui contenaient le
vin.
Continuant toujours vers l’avant on passe à travers les
coursives des superstructures à
35 m ou plutôt le bardage qui en subsiste. De chaque côté
du bâtiment les portemanteaux se
dressent vers la surface. Au centre des superstructures, on peut voir l’embase
de la cheminée disparue lors du naufrage. Il est amusant de contempler
la
cuisine, petite pièce où 2 plongeurs maximum peuvent
rentrer pour voir les fourneaux. En ressortant de celle-ci côté
tribord, un trou dans lequel un seul plongeur à la fois peut se
glisser, permet d’accéder à la cale centrale, et ensuite
de ressortir à proximité du mât.
Après la cambuse, toujours en se dirigeant vers la proue, on
atteint les quartiers de l’équipage où l’on peut admirer
une baignoire avec à ses côtés une cuvette de WC. Puis
on aborde la cassure due à l’explosion. On peut rentrer dans la
cale avant. Dans cet espace, phare éteint, la vision du bleu est
fabuleuse et on a véritablement l’impression d’être devant
un écran de cinéma. En voyant la taille de l’éventration
du cargo on comprend la violence et la rapidité avec laquelle le
pauvre Prosper a sombré. On ressort de la cale sur la proue. Celle-ci
est posé sur bâbord. Elle est assez abîmée. On
trouvera des barres de charges, cuves et autres ferrailles non identifiables.
Faune et flore :
Profusion et beauté sont les mots clés pour décrire
la faune et la flore du Donator.
Kurt Armsler dans son livre « Epaves en Méditerranée
» écrit « Les 50 années passées sur le
fond ont transformé l’épave en un véritable récif
fleuri ».
L’expression est bien choisie, car en effet le cargo est littéralement
recouvert de grandes gorgones (certaines
mesurant 1 m) rouges et jaunes, d’éponges, d’alcyons…
Les superstructures et coursives sont les parties les plus colonisées
et où l’on trouve une densité telle qu’il est parfois difficile
de se frayer un passage.
Sur le sable tout autour de l’épave on peut apercevoir des mostelles
et d’énormes rougets qui semblent se nourrir aux hormones. Partout sur
l’épave on retrouve d’immenses bancs
des inévitables anthias, castagnioles, sars, entourés parfois
par les dorades royales.
Dans les recoins du navire de nombreux chapons, rascasses brunes et
rouge se dissimulent. On peut également découvrir 1
ou 2 mérous suivant sa chance, de même que des congres
et murènes tapis dans la pénombre des cales attendant leur
heure pour chasser.